« La véritable musique est le silence
et toutes les notes ne font qu’encadrer ce silence. »
Miles Davis
Avant de commencer mon rituel de peinture, je me conditionne à l’acte de peindre.
Je dois ressentir l’envie irrésistible, la vibration intérieure.
J’allume la musique et quand je suis extrêmement calme, je choisis celle-ci :
Ensuite, je prépare les pinceaux, les brosses, une spatule, un morceau de bois, un couteau, une cuillère, du papier ou du tissu, de la colle, de l’eau, de la peinture, des pastels, du fusain, du vernis, du brou de noix, de la teinture, de l’encre de chine, et du pigment. Je ne sais jamais ce que je vais peindre à l’avance. Je laisse faire les choses le plus naturellement possible. Et la musique m’envahit et pénètre tout mon corps. Je sais que je vais improviser. Je mets une toile au sol ou je prends une feuille blanche. Il y a les notes de musiques qui dansent dans ma tête. J’entre dans un état d’exaltation, transportée hors de moi et hors du monde réel. L’espace et le temps ne font plus qu’un. Je me sens bien. Je suis seule. Je peux enfin me libérer de tout. Lâcher prise et composer avec mes émotions du moment. Je ne réfléchis pas. Je n’attends rien. Avec une simplicité évidente, je déchire le papier ou je coupe le tissu. Parfois, je peins le fond pour la profondeur. Ensuite, je dispose mes petits bouts de matière, de manière très spontanée, sur l’espace blanc. Quand je manipule la couleur, quelque chose commence à arriver, et je me laisse guider sans réfléchir. Je travaille vite, sans penser. Une trace, un geste, une coulure, un éclat, tout est fugitif. Les idées sont graphiques. Je laisse fonctionner le hasard de la vie. Ma peinture est terminée lorsque j’ai trouvé le juste équilibre. La peinture abstraite est mon refuge.
Estelle Bellin
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