« J’ose enfin lancer le défi ! Une plasticité mass-média, touchant la sensibilité du plus grand nombre, dont celle des connaisseurs, est certainement plus humaine qu’un art spécifique jalousement personnel, ne s’adressant qu’aux privilégiés. » Vasarely
Où l’esprit est-il le plus sûr ?
Au commencement. J’avais besoin de trouver ma voie, ma famille d’artistes, une méthode, un concept, je me suis mise à chercher … et je suis tombée sur les premiers systèmes de Morellet qui a écrit : «Un système, c’est une sorte de règle du jeu très concise qui existe avant l’œuvre et détermine précisément son développement et donc son exécution.» Etablir un système et commencer par la photographie dans l’expression plastique, est un autre axe de réflexion qui me permet de laisser l’œuvre se faire elle-même petit à petit. C’est comme l’élaboration d’une recette de cuisine, c’est un moyen d’expression, un moyen d’aimer, c’est une démarche de don authentique. Pour construire, on doit trouver les bons ingrédients et ensuite laisser mijoter.


J’ai commencé par étudier Victor Vasarely.
Il m’a appris l’importance de la composition, des couleurs, l’art d’organiser des éléments simples et abstraits. Que l’essentiel n’est pas le sujet mais la composition, une rigueur de la ligne, du plan, de l’espace, et du mouvement. J’ai remarqué qu’en regardant une œuvre de Vasarely, on est troublé, on a une réaction physique. En observant ses œuvres à la Fondation Vasarely, mon regard était en permanence stimulé. En photographiant et en filmant les effets d’optique, mon cerveau comprenait les différents mécanismes.



Il y a les couleurs qui, lorsqu’elles sont côte à côte, se mettent à vibrer. Il y a la lumière, la transparence, le mouvement, les reflets, les jeux graphiques … Mon inspiration nait à ce moment là. Grâce à ma récolte visuelle, je me suis amusée à créer des photomontages à la manière de Joseph Albers. C’est une manière de saisir l’essentiel : les accords, les mélodies, les rythmes, tout ce que l’œuvre engendre comme aura. Et cela forme le point de départ d’une idée sur l’abstraction géométrique.



© Art photographique, Estelle Bellin 2023